Nike réclame 60 millions de dollars à Dominic Ciambrone, le « chirurgien des chaussures »

C’est un procès auquel il ne s’attendait pas. Il y a un peu plus d’un an, pour le record de points en NBA de LeBron James, Dominic Ciambrone, alias « Shoe Surgeon » (« le chirurgien des chaussures »), avait ainsi reçu une commande de la part de Nike, pour un modèle de LeBron 20 customisé, afin de fêter la grande soirée du « King ».

Une consécration pour l’artiste de 38 ans, devenu très prisé auprès des stars, avec ses chaussures modifiées à grands renforts de textures exotiques, pierres précieuses et feuilles d’or.

Sauf que le vent a tourné. En juillet, Nike a ainsi déposé une plainte contre Dominic Ciambrone, l’accusant de « contrefaçon et d’atteinte à la marque ». L’équipementier lui réclame ainsi 60 millions de dollars !

La firme de Phil Knight explique pourtant « valoriser sa relation avec le Shoe Surgeon » et n’avoir « aucun problème » avec les créations uniques de Dominic Ciambrone basées sur des modèles Nike. Par contre, elle l’accuse d’avoir été trop loin, Nike jugeant désormais que les activités développées par le cordonnier de luxe californien sont « illégales, trompent les consommateurs et créent la confusion sur le marché ».

Un business désormais trop « industriel » ?

En clair, la société de Beaverton n’avait pas de souci lorsque Dominic Ciambrone réalisait quelques modèles d’ultra luxe, c’est le tournant « industriel » pris ces derniers temps par son entreprise, « Surgeon Worldwide », qui pose problème. Ainsi que le développement de son académie, que Nike accuse d’être devenu une « usine à contrefaçon ».

Pour l’entreprise, qui emploie désormais 80 employés, c’est en tout cas un énorme coup d’arrêt, d’autant que la marque française Goyard a également attaqué Dominic Ciambrone en justice, en juin, pour contrefaçon.

« Pris au dépourvu », ce dernier explique vouloir trouver une solution « à l’amiable » avec Nike et éviter un bras de fer déséquilibré. « Je ne veux pas riposter. Je ne veux pas entrer en guerre. »

« C’est quelque chose qui est difficile à comprendre pour les artistes, en particulier : qu’est-ce que la licence créative et n’ai-je pas le droit d’utiliser tout ce que je veux dans l’expression de l’art ? », expliqué Preetha Chakrabarti, avocate spécialisée dans le droit des marques, au Los Angeles Times. « En fait, en ce qui concerne le droit des marques, ce n’est pas vraiment le cas. » Surtout quand on en fait un business.