Rayan Rupert a déjà joué plus de matchs que la saison dernière (41 contre 39) avec les Blazers, mais son temps de jeu est berne. Sur ses 41 matchs, il n’a eu droit qu’à sept minutes de jeu en moyenne et depuis 2025, il voit souvent le parquet uniquement lors du « garbage time ».
« Ne pas être dans la rotation ne doit jamais changer votre approche et votre préparation. Vous devez toujours être prêt car quand votre nom sera appelé, vous devez répondre présent. Si ce n’est pas le cas, je perds confiance en vous » nous disait Chauncy Billups en marge du match de son équipe au Chase Center. « Mais je suis fier de Rups, il travaille dur malgré les circonstances. Son heure viendra. »
Avant la défaite des Blazers à Golden State, Basket USA s’est entretenu avec le jeune Français pour lui demander comment il vivait cette deuxième saison frustrante sur le plan individuel mais encourageante sur le plan collectif, ainsi que l’arrivée de sa sœur, l’internationale française Iliana Rupert, dans l’équipe WNBA de Golden State.
Rayan, vous aviez débuté la saison dans la rotation mais depuis décembre ce n’est plus le cas. Comment abordez-vous cette situation ?
J’essaie de rester patient, de rester concentré sur mon travail, sur ce que j’ai à faire. Même si je ne joue pas, je m’efforce de faire attention aux détails quand je regarde les matchs et de faire tout ce que je peux pour pouvoir progresser et évoluer en tant que joueur, même si je n’ai pas l’occasion d’être sur le terrain pour le montrer.
« Pendant les déplacements, donc on essaie de toujours de trouver une salle le soir pour rester en rythme et continuer à travailler »
Est-ce que votre quotidien est différent quand vous ne jouez pas ? Est-ce que vous avez des entrainements supplémentaires ?
Oui, notre quotidien est un peu différent. Les jours de match, les joueurs qui sont hors de la rotation s’échauffent plus longtemps tôt avant le match. Et puis, moi, j’ai mon coach individuel de France (Jimmy Vérove) qui est avec moi et qui me suit pendant les déplacements, donc on essaie de toujours de trouver une salle le soir pour rester en rythme et continuer à travailler.
Contrairement à la saison dernière, vous n’avez joué qu’une poignée de match en G-League cette saison. Est-ce que vous allez y retourner avant la fin de saison ?
J’ai dû faire six matchs de G League, mais là ça doit faire un mois que je n’ai pas joué mais il y a moyen que j’y retourne ce mois-ci pour garder le rythme de la compétition. Mais quoi qu’il arrive, j’essaie toujours de bosser dur.
Quand vous êtes avec les Blazers mais que vous ne jouez pas, est-ce qu’une partie de vous « préférerait » être en G-League pour pouvoir jouer ?
Honnêtement, j’aime bien avoir les deux parce que c’est vrai que c’est assez frustrant quand je suis avec les Blazers longtemps sans jouer car, forcément, j’ai envie de jouer. Mais c’est toujours bien d’avoir de l’alternance. En plus notre équipe de G-League est au même endroit. Donc c’est important de rester avec le groupe NBA ou à proximité pour continuer à apprendre mais aussi d’avoir la G-League pour avoir du temps de jeu.
Quel genre de coach est Chauncey Billups ?
C’est un coach qui est assez proche de ses joueurs. Il nous comprend bien vu qu’il a fait une longue carrière NBA, évidemment. Il dit les choses ouvertement.
« On se connait tous plutôt bien car on a quasiment la même équipe que l’année dernière, donc les automatismes ont eu le temps de s’installer »
Depuis le début de l’année 2025, vous avez la cinquième meilleure défense de la ligue et les résultats ont suivi. Est-ce qu’il y a eu un déclic ? Est-ce le fruit de tout le travail fait depuis la saison dernière ? Comment expliquez-vous ce revirement de situation ?
C’est un peu de tout. Je pense que c’est un peu de tout ça. Après en tant qu’équipe, j’ai vraiment l’impression qu’on est dans notre bulle. On n’hésite pas à se dire les choses quand on est sur le terrain. On se connait tous plutôt bien car on a quasiment la même équipe que l’année dernière, donc les automatismes ont eu le temps de s’installer. Et depuis la nouvelle année, on monte en puissance. Je pense que c’est aussi le résultat des progrès individuels de chacun. Tout le monde a passé un cap, et les résultats suivent.
Vous êtes mathématiquement encore dans la course au Play-in. J’imagine qu’en début de saison, ce n’était peut-être pas l’objectif principal, est-ce que ça l’est devenu désormais ?
Avant le début de la saison, je pense qu’on était plus dans l’attente de voir où on allait être. Mais c’est vrai que ces dernières semaines, après le « run » qu’on a fait, on peut voir que le play-in est jouable. On n’est pas très loin au classement, et même si on n’en parle pas tous les jours entre nous, c’est clairement devenu objectif.
Sidy Cissokho vous a rejoint à Portland il y a quelques semaines. Ça doit être sympa d’avoir un autre Français dans l’équipe, qui plus est quelqu’un que vous connaissez bien ?
Oui, surtout qu’on se connait depuis longtemps, depuis les Equipes de France jeunes. On s’est toujours bien entendu. Il m’avait appelé la veille de sa signature aux Blazers. J’étais content pour lui et puis c’est toujours cool d’avoir un autre francophone dans l’équipe.
Les Blazers ont une option sur votre troisième année de contrat qui deviendra garantie début juillet. Dans ces circonstances, est-ce que vous pouvez penser à l’Euro et à l’Equipe de France ou est-ce que la priorité reste la NBA ?
L’Equipe de France ce sera toujours un objectif important pour ma carrière. Pour l’instant, je reste concentré sur la fin de saison et sur le boulot que je vais devoir faire après la saison, mais si j’ai l’occasion d’y aller, j’irais volontiers.
Avez-vous eu l’occasion d’échanger avec Boris Diaw et/ou Fred Fauthoux depuis sa prise de fonction ?
Boris oui, je l’ai eu quelques fois, je l’ai eu la semaine dernière et normalement je vais le voir avant la fin de la saison. Je n’ai pas encore eu l’occasion d’échanger avec le coach.
« C’est surtout ma mère qui était contente parce que c’est vraiment à côté »
Enfin, votre soeur, Iliana, a été sélectionnée lors de l’Expansion Draft WNBA par les Golden State Valkyries. À l’échelle américaine, Portland et San Francisco sont à côté, j’imagine que cette nouvelle a dû ravir le clan Rupert ?
J’étais super content, c’est lourd ! Elle m’avait appelé le matin avant que ça devienne officiel. C’est surtout ma mère qui était contente parce que c’est vraiment à côté. Et puis je suis content pour Iliana parce que c’est une nouvelle équipe, elle fait une grosse saison cette année et elle n’avait pas eu trop de temps de jeu dans ses équipes WNBA précédentes donc j’espère qu’elle va pouvoir s’imposer ici.
Du coup, on va vous apercevoir dans les tribunes du Chase Center régulièrement pour supporter les Valkyries et votre sœur ?
Oui, bien sûr ! Je pense qu’elle va aller en Equipe de France avant mais dès qu’elle va jouer… je serais à Portland pour travailler donc je vais faire les allers-retours pour venir la voir. En avion, c’est une heure donc c’est pratique.
Est-ce que ça rend ce déplacement à San Francisco particulier pour vous, parce que vous pouvez voir les affiches marketing pour les Valkyries ?
Non, pas vraiment, et puis j’étais déjà venu l’année dernière et même cet été pour refaire mon passeport au consulat. Donc en vrai non, mais je pense que ça va être spécial quand je vais revenir pour la voir. Mais après, c’est vrai que c’est une belle ville donc c’est vraiment top pour elle.
Propos recueillis à San Francisco.