Les États-Unis vont retomber dans une douce folie. La « March Madness », la phase finale de la saison NCAA, débutait mardi, avec quatre derniers matchs de placement, avant le début des choses sérieuses ce jeudi, avec le premier tour. 64 équipes visent le titre, détenu depuis 2023 par Connecticut. Les Huskies parviendront-ils à signer un incroyable triplé dans l’Alamodome de San Antonio, l’ancienne salle des Spurs ? Réponse le 7 avril.
Les favoris
UConn aura la tâche très dure pour devenir la deuxième fac à remporter trois titres consécutifs après la mythique UCLA du coach John Wooden, vainqueur à sept reprises entre 1967 et 1973. Les joueurs de Dan Hurley ont peiné cette saison avec un bilan modeste pour un cador annoncé (23-10, #8 West), et Connecticut semble ainsi à bonne distance des principaux prétendants au titre.
Parmi eux, Duke (31-3, #1 East) fait figure d’habitué. Les Blue Devils et leur sensation Cooper Flagg étaient très attendus et n’ont pas déçu, s’emparant même du titre honorifique de numéro 1 du Top 25 d’AP en fin de saison. L’équipe du coach Jon Scheyer a terminé sa saison par onze victoires consécutives.
Duke pourrait recroiser la route de Houston (30-4, #1 Midwest). Les Cougars s’appuient une fois de plus sur une des meilleures défenses du pays : numéro deux au nombre de points encaissés (58.5 seulement), comme au rating défensif. Les deux équipes s’étaient affrontées la saison passée au Sweet 16 pour un combat de tranchées terrible, remporté 54-51 par Duke, avant que les Blue Devils ne tombent au tour suivant sur la surprise de la dernière édition, North Carolina State.
Longtemps injouable, Auburn (28-5, #1 South) devra relancer une dynamique après trois défaites ces deux dernières semaines. Florida, tête de série numéro un du quart West du tableau (30-4), aura aussi un joli coup à jouer. Alabama et son jeu tout feu tout flamme en attaque (25-8, #2 East), Michigan State (27-6, #2 South) ou St John’s et sa défense de fer (30-4, #2 West) seront également à prendre au sérieux.
L’équipe coachée par la légende Rick Pitino devrait être un des centres de l’attention en début de tournoi, car située dans la même partie de tableau que le Kansas de l’entraîneur Bill Self et Arkansas désormais emmené par John Calipari, qui s’affrontent dès le premier tour avant de possiblement retrouver leur rival Pitino au tour suivant.
Les invités surprises
Elles font tout le charme de cette March Madness. Les « Cinderella Stories », ces parcours d’équipes que l’on n’attendait pas à pareille fête font partie de l’ADN du tournoi et vont une fois de plus ravir public et observateurs. Et les pistes ne manquent pas cette année encore. Brigham Young (#6 Est, 24-9) a un vrai profil d’outsider, par sa dynamique très positive en fin de saison (huit succès de rang) et la qualité offensive du groupe mené par l’entraîneur Kevin Young, ancien assistant des Suns. Une première participation à l’Elite Eight depuis 1981 et un possible rendez-vous face à Duke n’est pas à exclure.
Drake (#11 Ouest, 30-3) est probablement le poil à gratter le plus « prévisible » après une saison de haut vol, mais peu reconnu car effectué dans une conférence, la MVC, de moindre envergure. Les Bulldogs ne jouent sans doute pas le basket le plus chatoyant du pays, mais un des plus difficiles à manœuvrer avec un rythme très lent et une capacité déroutante à faire dérailler leurs adversaires. UC San Diego (#12 Sud, 30-4) serait de son côté la belle histoire. Les Tritons n’étaient tout simplement pas éligibles à la March Madness après avoir rejoint la première division NCAA il y a quatre ans. L’université californienne a réussi l’exploit d’être la première de toute l’histoire de la NCAA à envoyer son équipe masculine et féminine au tournoi national dès sa première année d’éligibilité. Ses 15 succès de rang pour arriver au tournoi sont un argument de plus pour croire à un premier exploit contre Michigan au premier tour.
Les grands absents
Avec deux des possibles trois premiers choix de la prochaine Draft, on attendait bien mieux de la fac de Rutgers. Mais ni Dylan Harper, ni Ace Bailey ne seront au rendez-vous de la March Madness (pas même du NIT), après un exercice conclu sous les 50% de victoire (15-17). Parmi les frustrés du « Selection Sunday », West Virginia (19-13) risque de regretter longtemps d’avoir été battu dès le premier match du tournoi de la Conférence Big 12 par la modeste équipe de Colorado (14-20).
Les joueurs à suivre
Comment ne pas avoir Cooper Flagg immédiatement à l’esprit ? Promis à la première place de la Draft, l’ailier a su résister aux dangers de la « hype » pour réussir une saison de très haute volée. C’est simple : il a terminé leader de Duke aux points, rebonds, passes, interceptions et contres (19.4 points, 7.6 rebonds, 4.2 passes, 1.5 interception, 1.3 contre). Le joueur de l’année de la Conférence ACC peut devenir une des rares superstars universitaires à rejoindre la NBA sur un trophée collectif… Reste à savoir dans quel état de forme il abordera le tournoi, après s’être fait une entorse à le cheville en quart de finale du tournoi de l’ACC.
Cooper Flagg pourrait toutefois avoir de la concurrence pour celui de joueur de la saison avec l’intérieur bon à tout faire Johni Broome (18.9 points, 10.6 rebonds, 3.1 passes, 2.3 contres), attendu pour le moment au deuxième tour de la prochaine Draft, mais dont la cote pourrait bénéficier d’un joli parcours avec Auburn.
Si le finaliste sortant Purdue (22-11, #4 Midwest) n’est plus exactement le même sans Zach Edey, le meneur Braden Smith (16.1 points, 8.7 passes, 2.2 interceptions) a maintenu les Boilermakers parmi les équipes solides de la saison. De nombreux « guards » figurent parmi les profils les plus intéressants de cette fin de saison, du scoreur Mark Sears auteur d’une grosse fin de saison avec Alabama au dragster de Memphis PJ Haggerty (21.8 points à 48.4%), auteur d’une sortie à 40 points en quarts de finale du tournoi de la Conférence American.
Parmi les principaux candidats à la prochaine Draft, Duke vivra aussi les derniers matchs de Kon Knueppel et de Khaman Maluach, en plus de ceux de Cooper Flagg. Kon Knueppel pourrait être l’un des principaux bénéficiaires de la blessure de son coéquipier pour mettre en avant ses qualités de scoreur mises en retrait le reste de la saison (14.4 points à 47.2% mais 21 unités de moyenne à 48.6% durant le tournoi de l’ACC sans Flagg). Khaman Maluach assurera pour sa part avant tout la protection du cercle des Blue Devils avec ses 2.18m et son agilité.
Le trio de Caroline du Nord pourrait croiser sur sa route Baylor et l’arrière V.J. Edgecombe, régulièrement cité comme un candidat au Top 5 de la prochaine draft. Le Bahaméen est un phénomène d’explosivité, et a montré une belle progression au fil de la saison, en particulier au tir (26.3% à 3-points lors des huit premiers matchs de la saison, 37.6 % ensuite). Reste que son équipe de Baylor pourrait vivre un tournoi court après une saison cahin-caha (#9 East, 19-15) et devra déjà se sortir de son premier tour contre Mississippi State. Le Lituanien Kasparas Jakucionis devra pour sa part remettre un coup de collier après avoir marqué le pas en deuxième partie de saison. Le meneur d’Illinois (#6 Midwest, 21-12) reste le passeur le plus créatif de cette cuvée et peut prendre un match à son compte offensivement. Le prouver sur la scène la plus médiatisée de la saison redorerait sa cote.
Ce constat vaut également pour le pivot de Maryland (#4 West, 25-8) Derik Queen, probablement le plus doué offensivement de sa promotion. Son profil peu académique, comme intérieur capable de poser son dribble et de scorer de nombreuses façons différentes mais défenseur très aléatoire, profiterait d’un parcours probant des Terrapins dans cette March Madness.
Les Français
D’un contingent de cinq Tricolores l’an passé, ils ne seront cette fois que deux sur la ligne de départ. Et sans vouloir être pessimiste, il semble hautement improbable de les voir reproduire ce que Mohamed Diarra avait pu offrir l’an passé avec North Carolina State, surprise du Final Four avec son intérieur français parmi les joueurs majeurs.
L’histoire serait pourtant belle pour Dramane Camara, cousin de Diarra, et en lice avec Norfalk State, qu’il a rejoint cette saison après une discrète année freshman à DePaul. Mais l’arrière est sorti de la rotation des Spartans depuis le début du mois (2.1 points, 1.4 rebond en 8.7 minutes), et voir son équipe tête de série numéro 16 disposer de Florida au premier tour serait un des plus grands exploits de l’histoire de la March Madness.
L’autre Français en lice n’a pas beaucoup plus de chances de connaître un long parcours, mais devrait avoir l’occasion de se montrer. Kezza Giffa est le meilleur marqueur de la fac de High Point, qualifiée pour la première fois de son histoire pour le tournoi national après avoir remporté le titre de la Conférence Big South. Le fils de l’ancien international Sacha Giffa n’y a pas été étranger avec 17 points de moyenne lors du Big South Championship (14.8 points de moyenne, 2.5 rebonds et 2.5 passes sur l’ensemble de la saison).
Les Français sont plus nombreux à disputer le NIT, sorte de March Madness des « déçus », non retenus pour le principal tournoi national, qui a débuté mardi. Maxime Raynaud pourra y confirmer sa superbe saison (20.1 points, 10.6 rebonds, seul joueur de tout le pays en 20-10 de moyenne) avec Stanford, tête de série numéro 2 de son quart de tableau et qualifié pour le deuxième tour. Même matricule #2 et même résultat pour Adama Bal (12.9 points, 2.5 rebonds et 3 passes en 30.2 minutes) et Santa Clara.
Encore en lice, l’ailier Yohan Traoré (SMU, 6.2 points, 3.3 rebonds en 15,9 minutes) et l’intérieur Amaël L’Etang (Dayton, 7.4 points, 4.4 rebonds, 1 contre en 16.9 minutes) font encore mieux : têtes de série numéro un. Enfin, Kymany Houinsou (Loyola Chicago, 6.1 points, 4.9 rebonds, 3.3 passes en 22.6 minutes) est le seul Tricolore à avoir disputé la March Madness la saison passée. C’est déjà terminé en revanche pour Noah Bolanga, l’ailier de St. Bonaventure, seul surpris au premier tour (56-75 contre Kent State).
Les dates
Premier tour : 20 et 21 mars
Deuxième tour : 22 et 23 mars
Sweet Sixteen (demi-finales régionales) : 27 et 28 mars
Elite Eight (finales régionales) : 29 et 30 mars
Demi-finales : 5 avril
Finale : 7 avril
Comment suivre la March Madness ?
La NCAA est à suivre (en partie) sur BeIN Sports, dont le Final Four et la finale, qui seront à suivre en direct.
Et chez les femmes ?
Après l’attraction Caitlin Clark la saison dernière avec Iowa, le plateau sera tout aussi dense en futurs très grands noms du basket mondial à partir de vendredi. La probable future joueuse de la saison JuJu Watkins (24.6 points, 6.9 rebonds) va tenter d’emmener USC (28-3) au titre après avoir déjà signé le meilleur bilan de la Conférence Big 10 de l’histoire des Trojans. Paige Bueckers (19 points, 4.9 passes, 4.5 rebonds) va pour sa part vivre sa dernière March Madness avant de rejoindre la WNBA comme numéro un de la prochaine Draft.
Avant cela, la meneuse, enfin libérée par les blessures, tentera de remporter son premier sacre et ramener Connecticut (31-3) au sommet du basket universitaire féminin. Il faudra pour cela retrouver JuJu Watkins avant même le Final Four puisque USC et UConn sont dans la même partie de tableau.
Equipe avec le moins de défaites cette saison aux abords du tournoi national, UCLA (30-2) mise sur sa pivot Lauren Betts (19.7 points, 9.9 rebonds, 2.9 contres) pour espérer aller au bout. Avec ses 2,01m et son agilité au poste, l’intérieure est en position idéale pour s’établir parmi les stars de la NCAA. Un statut dont bénéficient déjà la sophomore ultra talentueuse de Notre Dame, Hannah Hidalgo (24.2 points, 5.1 rebonds, 3.7 interceptions) et la revancharde Hailey Van Lith (TCU, 17.9 points), outsiders pour la victoire finale.