Pendant de longues minutes, Zaccharie Risacher est resté prostré au fond de son fauteuil, dans le vestiaire des Hawks. Face à son casier et faisant dos à la poignée de journalistes présents, le rookie français s’est réfugié derrière son téléphone, prenant le temps de « scroller » pour essayer d’oublier l’immense déception que venaient de subir les Hawks face au Heat, au deuxième tour du « play-in ».
Cette plaie est d’autant plus vive pour l’ailier d’Atlanta qu’il est complètement passé à côté de son match. Jamais, cette saison, Zaccharie Risacher n’avait connu une telle déconvenue avec son tir.
Auteur d’un 2+1 sur un « drive » dans le 1er quart-temps, le meilleur shooteur de l’EuroCup la saison dernière a ensuite vécu un calvaire : ses dix autres tirs (dont sept à 3-points) n’ont pas transpercé les filets de la State Farm Arena et son temps de jeu dans le 4e quart-temps et en prolongation a été réduis à néant. Déjà en difficulté aux tirs à Orlando (2/10), mardi, il n’a pas su être au rendez-vous face à Miami.
L’Eurobasket dans le viseur
Malgré cette déception, le meilleur rookie des mois de février et de mars de la conférence Est ne s’est pas défilé et a accepté de débriefer cette rencontre à chaud, pour Basket USA. Ému par cette élimination, le regard fuyant à certains moments de l’interview, le numéro 1 de la dernière Draft nourrit « pas mal de regrets » (« C’est de ma faute : moi, Zaccharie Risacher, je n’ai pas mis mes tirs », a-t-il notamment dit) mais rappelle que « ce qui est important (après un tel match), c’est ce qu’on en fait et comment on rebondit ».
Un discours empreint de maturité pour le jeune ailier de tout juste 20 ans, déjà tourné vers cet été et son objectif de médaille avec l’Equipe de France, à l’EuroBasket (du 27 août au 14 septembre 2025, en Lettonie, à Chypre, en Finlande et en Pologne).
À chaud, quel est votre sentiment sur cette défaite face au Heat (123-114) et cette élimination aux portes des playoffs ?
(Il hésite). Pas mal de regrets… C’est un match qu’on aurait pu prendre, il était à notre portée. On a bien joué collectivement. Miami, aussi, ils ont mis des tirs compliqués… On a bien défendu. On s’est donné les moyens de gagner ce match. C’est toujours dur de commenter un match à chaud mais je pense qu’on s’est bien battu. On a tout laissé sur le terrain.
À titre individuel, on vous imagine très frustré par votre prestation. Est-ce votre match le plus compliqué cette saison en NBA ?
Individuellement, ça a été plus compliqué que prévu, mais ça fait partie du jeu. Il faut savoir rebondir et passer à autre chose. Mais effectivement, ma performance individuelle est en dessous de ce que j’ai l’habitude de proposer. C’est dur à encaisser, surtout que j’ai eu l’habitude d’être là pour mes coéquipiers, cette saison. Je voulais les aider ce (vendredi) soir, encore et encore…
« Ce qui est important (après un tel match), c’est ce qu’on en fait et comment on rebondit »
Comment expliquez-vous cette contre-performance ? C’est la faute à quoi ?
C’est de ma faute : moi, Zaccharie Risacher, je n’ai pas mis mes tirs. Il n’y a pas de raison particulière. Je ne suis pas du genre à pointer du doigt quelque chose en particulier ou à me cacher derrière des excuses. Il n’y a pas 15 000 autres explications.
En quoi ce non-match peut vous être bénéfique ?
Il n’y a jamais de non-match ou de contre-performance. On apprend toujours de ses erreurs. On dit souvent qu’on apprend plus dans la défaite et c’est vrai. Ce n’est pas un sentiment agréable mais ce match sera important (pour la suite de ma carrière), surtout quand on est jeune. (Dyson Daniels interrompt l’interview pour le saluer et dit : « On se voit à Saint-Tropez ! »). On apprend énormément, c’est ainsi qu’on acquiert de l’expérience. On ne peut pas toujours être parfait. Ce qui est important (après un tel match), c’est ce qu’on en fait et comment on rebondit.
« L’été sera long mais j’adore aussi le « offseason » car c’est un moment où je peux vivre la vie d’un jeune normal de mon âge… »
Quel sera votre programme entre aujourd’hui et le début de la préparation à l’EuroBasket avec l’Equipe de France, fin juillet ?
Dans un premier temps, je vais rentrer en France pour voir ma famille et recharger les batteries. Et je vais commencer à prendre tranquillement possession des lieux (où il va passer la plupart de son temps en France), que ce soit la salle où je vais m’entrainer, la salle de muscu ou mon appartement. Après avoir passé quelques semaines en France, je reviendrai à Atlanta pour travailler au centre d’entrainement des Hawks et après, je verrai au jour le jour.
Je vais également en profiter pour me reposer de cette saison de 82 matchs (84, en réalité), car elle a eu un impact sur mon corps. J’ai beau être jeune, je n’ai jamais autant joué sur une saison et encore moins sur une aussi courte période.
L’été sera long mais au même titre que j’adore tout ce qui se passe pendant une saison – que ce soit en NBA ou en Europe -, j’adore aussi le « offseason » car c’est un moment où je peux vivre la vie d’un jeune normal de mon âge – être avec ma famille et passer du temps avec mes amis – et en profiter pour devenir encore meilleur. Car en cours de saison, c’est dur de repousser ses limites quand on sait qu’il y a un match tous les deux jours.
« Porter ce maillot bleu, c’est le prochain objectif dans ma carrière, dans ma vie »
Que représenterait une première campagne internationale avec les Bleus (ndlr : son ancien coach et néo-sélectionneur, Frédéric Fauthoux disait, fin mars, qu’il était « proche d’une pré-sélection ») ?
Comme je l’ai toujours dit, l’Equipe de France m’intéresse beaucoup. J’ai envie de me faire une place dans cette équipe et d’être sélectionné pour le prochain championnat d’Europe et ça passe par un bon travail cet été. Les Bleus ont toujours été dans un coin de ma tête mais pendant la saison, on a tellement de choses à penser qu’on garde cet objectif au chaud. Porter ce maillot bleu, c’est le prochain objectif dans ma carrière, dans ma vie. L’Equipe de France prendra un peu plus de place chaque jour dans mon esprit. Et l’objectif, bien évidemment, c’est de faire une médaille (sourire) !
De notre correspondant à Atlanta (Géorgie).