Deux titres de champion NBA sont venus couronner la carrière de Hakeem Olajuwon, MVP en 1994.
Spécialiste du « dream shake », et meilleur contreur de l’histoire, le légendaire pivot des Rockets a enfumé les meilleurs centres de la planète pendant une décennie.
Voyage de rêve entre Lagos (Nigeria) et Houston.
La carrière d’Hakeem Olajuwon est un merveilleux conte de fées. Nous sommes en 1978, au Festival du Sport de Sokoto, à quelques kilomètres de Lagos, capitale du Nigeria. Des enfants jouent au volley et au basket, la plupart disputent des matches de football. L’un d’entre eux s’amuse au handball et comme gardien de but au soccer. Un étudiant remarque cet élève qui dépasse la meute de quelques centimètres. L’étudiant-scout verrait bien ce joueur très particulier dans son équipe de basket au lycée. Il va voir le coach de l’équipe de hand pour le convaincre du bien-fondé de sa démarche. Une superstar de la balle orange est née. Deux ans plus tard, le phénomène est enrôlé par l’université de Houston. Olajuwon se prénomme alors Akeem Abdul. Ce n’est qu’en mars 1991 qu’il deviendra officiellement Hakeem.
La carrière universitaire d’Olajuwon est liée à celle de Clyde Drexler. Pendant trois saisons, les deux starlettes conduisent les Cougars au Final Four. Le label « Phi Slamma Jamma » est né, en dépit de revers répétés. En 1982, les « Tar Heels » James Worthy et Michael Jordan sont leurs premiers bourreaux. La saison suivante, Akeem est désigné Most Oustanding Player mais c’est N.C. State qui s’empare du titre. En 1984, les Cougars sont battus en finale par le Georgetown de Patrick Ewing. La draft de 1984, la plus forte de l’histoire avec celle de 2003, couronne Olajuwon, retenu en 1ère position. Aucun frais de déplacement : ce sont les Rockets qui mettent la main sur cette force intérieure de 2,13 m. Michael Jordan est retenu en 3e position derrière le désormais légendaire Sam Bowie, Charles Barkley en 5e.
Aucune phase d’apprentissage pour le centre texan qui clôt sa première saison avec 20.6 points et 11.9 rebonds de moyenne. Olajuwon joue aux côtés d’une autre force brute, Ralph Sampson, qui culmine à plus de 2,20 m. Les Rockets troquent un 29-53 contre un 48-34. En 1986, Houston sort les Lakers en finale de Conférence (4-1) et gagne le droit de défier les Celtics de Bird, McHale et Parish. L’échec est relatif car l’avenir appartient aux Rockets avec leur perle magique.
Un des quatre joueurs à avoir réalisé un quadruple double
Sampson parti à Golden State, l’ex-Cougar prend le leadership et domine 13 catégories de stats en 1987-88. Dès le printemps 1987, Akeem inscrit son nom dans la meilleure équipe de la Ligue comme dans la plus défensive. Le pivot des Rockets est un redoutable scoreur mais aussi un terrible rebondeur, contreur et intercepteur. Offensivement, ses gestes sont quasiment parfaits. Il multiplie les feintes dos au panier et possède la capacité de se retourner en un éclair pour mettre ses adversaires dans le vent. Les deux pieds collés au sol, Olajuwon est un modèle pour tous les pivots qui veulent progresser poste bas. Dans un match contre les Bucks, il réussit un quadruple-double (18 pts, 16 rbds, 10 pds, 11 cts).
Comment stopper un tel phénomène ? Le pivot des Bulls Bill Cartwright lui explose un œil avec le coude… Olajuwon loupe 25 matches lors de la saison 1990-91.
Le Nigérian (pas encore Américain) est un colosse mais son cœur est fragile. En 1992, il doit rester au repos une dizaine de matches en raison de battements irréguliers. On craint le pire pour le géant et surtout pour les Rockets qui n’ont encore jamais atteint le 7e ciel. Ils en sont même loin : de 1988 à 92, malgré un Olajuwon au top, Houston n’a jamais passé un tour de playoffs… La saison 1992-93 marque un tournant dans l’histoire de la franchise texane. Le propriétaire, Charlie Thomas, discute longuement avec Hakeem lors d’un voyage au Japon, prélude à la saison (Houston affronte Seattle). Avec un jeune coach, Rudy Tomjanovich, qui prône la défense et l’émulation autour du totem Hakeem, les Rockets associent vaillance et panache. Les stats d’Olajuwon s’envolent.
Le doublé pendant la première retraite de Michael Jordan
Le 2 avril 1993, il devient citoyen américain. Cela fait douze ans qu’il réside au pays de l’Oncle Sam. Charles Barkley, élu MVP de la saison, est talonné par le centre des Rockets qui cumule plus de 26 points, 13 rebonds et 4.17 contres par match. Olajuwon doit se contenter d’un premier titre de défenseur de l’année qui témoigne assez mal de son rendement. Le garçon possède toute une panoplie de moves offensifs fabuleux, plus subtils les uns que les autres, avec un toucher de balle unique. Ses fadeaway jump shots sont un régal pour les yeux. Olajuwon devient « Hakeem the Dream » et opère une vraie mutation dans son jeu. Si en 1993, les Rockets sont battus par le Seattle de Gary Payton et Shawn Kemp dans un Game 7 en demi-finales de Conférence, tout le monde a observé la métamorphose. La consécration est proche. Inéluctable.
New York en fait les frais en 1994. Patrick Ewing ne peut tenir le choc face au titan qui tourne à plus de 29 points, 9 rebonds et 3.86 contres en Finales.
« Hakeem the Dream » a survolé la saison de bout en bout. Il hérite en toute logique des deux titres de MVP. En 1994-95, il tutoie toujours les étoiles (27.8 pts et 10.8 rbds) mais David Robinson est élu meilleur joueur de la Ligue pour avoir offert à San Antonio le record de victoires en saison régulière. Lorsque les Rockets déboulent en playoffs, ils sont seulement 6es de la Western Conference et leur tableau apparaît périlleux. Un back-to-back semble plus qu’hypothétique. Sauf qu’« il ne faut jamais sous-estimer le cœur d’un champion », comme l’expliquera Rudy T…
Il ridiculise David Robinson, puis domine Shaquille O’Neal
Emmené par un Clyde Drexler ressuscité et un Hakeem Olajuwon qui a des comptes à régler avec David Robinson, Houston retrouve l’œil du tigre. Et ne commet aucun faux-pas. Face aux Spurs, en finale de Conférence, Olajuwon affiche 35.3 points de moyenne. « L’Amiral » est largué (25.5 pts) puis anéanti. En Finales, Hakeem doit démonter un autre « big man », un jeunot du nom de Shaquille O’Neal qui commence à faire régner la terreur dans les raquettes. Il lui met plus de 32 points et 11 rebonds sur la tête. Et puis Nick Anderson passe par là… Kenny Smith aussi. Houston inflige un sweep retentissant à Orlando et conserve son bien.
Homme de foi, fervent pratiquant, Hakeem Olajuwon explique que sa croyance en l’Islam a été un puits de ressources extraordinaire pour sa réussite sportive. Il passera encore six ans dans le Texas avec des fortunes diverses, malgré les arrivées de Charles Barkley et Scottie Pippen. Les blessures, le déclin d’une équipe vieillissante et la montée en puissance des Spurs et des Lakers auront raison des Rockets.
Hakeem termine sa carrière à Toronto en 2001-02. Pour beaucoup d’observateurs américains, Olajuwon est de la même veine que Jordan, Bird ou Magic : il a créé son propre style et son jeu a réellement influencé la Ligue, et il continue aujourd’hui de dispenser des cours aux plus grands par le talent (LeBron, Kobe…) et aux plus grands par la taille (Howard, Stoudemire…). Champion olympique avec la Dream Team II à Atlanta (1996), Hakeem a vu son n°34 retiré par les Rockets le 9 novembre 2002. Un an plus tard, sa statue dominait l’esplanade principale de l’actuel Toyota Center, et il lui faudra attendre 2008 pour entrer au Hall Of Fame.
Stats en carrière
18 ans
1 238 matches (1 186 fois starter)
21.8 pts, 11.1 rbds, 2.5 pds, 1.75 int, 3.09 cts
51.2% aux tirs, 20.2% à 3 points, 71.2% aux lancers francs
Palmarès
Champion NBA : 1994, 95
MVP : 1994
All-Star : 1985, 86, 87, 88, 89, 90, 92, 93, 94, 95, 96, 97
MVP des Finales : 1994, 95
Défenseur de l’année : 1993, 94
All-NBA First team : 1987, 88, 89, 93, 94, 97
All-NBA Second team : 1986, 90, 96
All-NBA Third team : 1991, 95, 99
NBA All-Defensive First team : 1987, 88, 90, 93, 94
NBA All-Defensive Second team : 1985, 91, 96, 97
NBA All-Rookie team : 1985
Champion olympique : 1996
SON TOP 10 EN CARRIERE
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